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Articles politiques et de sociétés

Le blog de Meric-Cadourel

Articles politiques et de sociétés

Tragédie en 3 actes : Nicolas le Sauveur.

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Acte I : Les adieux.

« Si je suis battu, je me retirerais de la politique à tout jamais ». La France entière a entendu cet ultimatum désespéré déclamé par un homme qui avait, enfin, compris que le pouvoir lui échappait. Le peuple français ingrat, versatile et irrespectueux s’apprêtait à le congédier comme un vulgaire paltoquet. J’imagine l’affront que cet homme a dû subir en quittant son cher palais de l’Elysée. Laisser la place n’a pas dû être facile surtout à un adversaire dont il estimait que les qualités d’homme d’Etat ne lui arrivaient pas à la hauteur de sa cheville. Voir ses ambitions stoppées net par le verdict populaire de Français ignorants qui ne comprennent rien à l’art de la politique et à la complexité du monde a dû profondément le blesser, voire l’écœurer. Lui, le grand homme, dont l’épopée héroïque se devait d’être inscrite pour l’éternité dans le panthéon des Illustres de la République allait vivre dans la cour d’honneur de l’Elysée, sous les yeux d’électeurs dépités ou réjouis, l’humiliation d’un départ qui aura marqué les consciences par l’attitude désinvolte et irrévérencieuse du « nouveau couple présidentiel » à l’égard du couple sortant. Cette scabreuse maladresse, si innocente en apparence, donnait hélas un avant goût du style peu distingué qui allait régner désormais à l’Elysée.

En entendant cette proclamation, qui en a étonnée plus d’un, j’aurai juré que l’homme était sincère. Avec tous les coups bas qu’il avait subis, venant du camp adverse ou de sa propre famille politique (ou bien de sa famille tout court), sa lassitude à l’égard du pouvoir et l’extrême méfiance qu’il portait à ses coreligionnaires, étaient compréhensibles. Aux militants UMP, le soir de la défaite, le ton grave, il avait solennellement réitéré ses adieux. Juré, craché, la politique s’était finie pour lui.

Acte II : Au son des clairons.

Pourtant, depuis quelques mois, des rumeurs soigneusement colportées par des « mauvaises langues », toutes assurément bien informées, circulent pour annoncer un hypothétique retour de l’ex-Président. Mais, comment est-ce possible ? Comment cet homme pourchassé, vilipendé, mis aux bans des accusés, convoqué comme le citoyen lambda, qu’il est, devant des juges d’instruction pour y répondre d’actes répréhensibles, créant même une avant-première pour avoir été mis durant quelques heures en garde à vue serait-il assez fou pour se jeter de nouveau, tel un dément, dans la fosse aux caïmans ? Mince, je le croyais devenu sage, jouissant d’une retraite paisible si bien rétribuée, bien au dessus de la piétaille politicarde qui gesticule sans cesse et qui s’étripe à la moindre occasion. Jadis, beaucoup d’entres eux formaient sa garde rapprochée et occupaient les postes clés des ministères. En ce temps là, le « Patron » savait galvaniser ses troupes. Du plus humble à l’élu, ils exécutaient sans broncher les ordres du Chef et gare à celui qui sortait du rang… Madame nostalgie doit bien lui donner mauvaise conscience pour avoir abandonné un soir de grande déprime des partisans toujours orphelins du père qu’ils implorent de voir revenir ?

Ou bien, est-ce Dame Revanche qui torture son esprit et se complait, en usant de tous ses attraits, à lui travestir la vérité ? Peut-être est-ce aussi une horrible litanie venant du néant de son âme qui l’obsède et l’exhorte à retrouver son honneur outragé par le glaive d’une justice qui, paraît-il, s‘acharne à le détruire … — Ce n’est que dans le sang qu’on lave un tel outrage (Le Cid. Acte 1, scène 5).

Il faut dire que depuis la cuisante défaite tout part à volo. L’UMP est en déroute, l’indigne doctrine du jeu du poker menteur fait le mets quotidien des caciques ; les chefs se succèdent sans pour autant rassembler ; les scandales à répétitions éclaboussent les institutions et écœurent comme jamais les honnêtes gens. Bien entendu, rien de tout cela n’effraie les élites du parti qui continuent avec une surprenante indécence à vouloir accéder aux plus hautes responsabilités de l’Etat. Dans ce surréalisme ambiant, Fillon, Copé, Lemaire et l’ex-Président aiguisent leurs longs couteaux… A n’en pas douter, le compte à rebours de l’acte 3 de la nuit de la St Barthélémy a commencé ! Pour l’instant on se contente de tirer à boulets rouges sur les socialistes sans pour autant apporter de solutions concrètes mais les règlements de compte à l’approche de l’élection du prochain Président de l’UMP promettent un lynchage public qui régalera les aficionados de tout poil.

La suite, je la pressens et vous l’écris d’un trait ! Le futur Président aura pour mission d’exécuter et d’enterrer l’UMP puis de disperser ses cendres aux quatre coins du … (cherchez peut être du coté de nos amis de la F-A) afin que personne, je dis bien personne, ne soit susceptible de brandir un jour ou l’autre un papier même calciné. En suite, du cataclysme, émergera une force nouvelle qui réclamera lors d’un congrès extraordinaire la naissance d’un ordre nouveau. Ainsi, le Chef glorifié et intronisé par ses fidèles sujets pourra les « guider » jusqu’à la victoire. Quelle belle métaphore en perspective. Ajoutez les clairons, les tambours et tout son sinfrusquin et l’allégorie devient sonore…

Au diable les comptes de campagne ! Les dérives malfaisantes ! Les coups tordus ! Les promesses non tenues ! L’affairisme politique ! Tout ça, croyez le bien, c’est du passé et, le passé, il faut savoir l’enterrer pour pouvoir mieux renaître de ses cendres et tout recommencer… Allons, Mesdames et Messieurs !!! Si le bon sens vous fait défaut, adoptez la méthode Coué, buvez un verre d’eau et l’énorme couleuvre que vous avez dans le gosier devrait finir par passer !

Ainsi, fier comme Artaban, l’Houdini Président nous aura de nouveau montré ce qu’il sait faire de mieux c’est à dire nous hypnotiser avec son célèbre numéro d’illusionniste auquel, conseil de « faux » ami, je lui suggère d’ajouter celui d’équilibriste car deux de mes neurones plus malins que les autres me susurrent à l’oreille que dans un futur proche il en aura bien besoin.

Acte III : Le retour de l’Elu.

Invité du 20 heures sur la Une, L’Ex-Président engoncé dans un costume sombre à l’image des affaires de la France annonçait au « peuple et au monde » dans un discours qu’il voulait pondéré et fédérateur son retour en politique. Le Chef, le Sauveur, le Super Héros qu’on se le dise va par ses « Supers Pouvoirs » sortir la France de la crise et redonner à la nation sa fierté et sa place dans le monde. Ainsi l’Auguste a parlé ! Que nenni des casseroles qu’ils trainent comme des boulets à ses basques, elles ne sont que vilenies et mensonges. Pire, elles sont fomentées par des ennemis politiques (suivez mon regard) qui le haïssent et pourfendent son honneur. — « Rira bien qui rira le dernier dit le dicton ». Le temps voulu, il saura leur faire rendre gorge à tous ces traitres ingrats qui l’avilissent et qui osent barrer la route de son Destin. Oui, tel Bonaparte, il fera son 18 Brumaire et sera le Premier Consul d’un parti qui le portera, loin, très loin… La France a besoin d’un homme fort qui sache la rénover en profondeur, qui lui redonnera force et courage et qui saura endiguer une immigration jugée responsable de ses maux.

Voilà un discours musclé, viril, nationaliste qui plait aux milliers de partisans qui réclament à cors et à cris son retour et qui voient en lui l’homme providentiel. Mais au fait ! Cet homme providentiel n’a t-il pas déjà joué le rôle d’un certain Napo ?

Please, le scénariste peut-il nous dire si dans cette passionnante saga notre « Grand Homme » jouera son va-tout dans le cadre de son retour de l’ile d’Elbe et, auquel cas, faut-il s’attendre aux désastres des 100 jours ? Ou bien, rongé par les vicissitudes de sa propre défaite, notre « Grand Homme » prenant sa plume pour celle de Dumas veut-il réécrire un volet de l’histoire en étant l’heureux vainqueur de Waterloo? Le duc de Wellington fou de rage de la confiscation de sa gloire est déjà sur le pied de guerre. Ouf, Dieu le rassure, il ne s’agit que d’un fébrile putschiste républicain !

Le second rendez-vous de L’Ex Président avec les Français s’est passé dans la liesse et l’allégresse qu’il espérait. Qu’il avait l’air heureux. Enfin, son bon peuple l’acclamait et scandait des « Nicolas Président » à n’en plus finir. Ah, il y a longtemps qu’il attendait ça ! Des moments comme celui là, il en rêvait toutes les nuits. Et voilà que le rêve devenait réalité ! Il avait, de nouveau, son triomphe ! Devant lui, un parterre de Grands Barons, tous loyaux sujets, aux qualités infinies… Une foule d’anonymes qui s’était déplacée des quatre coins de France pour l’encenser, l’aimer, le supplier… — Nicolas, Nicolas, Nicolas reviens !

Enfin, il obtenait justice ! Une juste réparation des torts qu’on lui avait causés ! Le peuple souverain l’abjurait !

Quel moment fort quand il l’imposa une minute de silence improvisée en l’honneur de la mémoire d’Hervé Gourdel, sa harangue était digne d’un chef d’Etat. Si bien que pendant quelques secondes, je me suis surpris à me demander si François Hollande était toujours l’actuel Président

Au diable le devoir de réserve qui l’oblige ! Au diable si ce soir là il a enfreint les usages de la Vème République ! Au diable s’il a fragilisé plus encore le pouvoir exécutif ! Ce soir, il est le Président ! A t’il vraiment conscience que son initiative est une première dans les annales de la République ? Jusqu’à ce jour aucun de ces prédécesseurs ne s’étaient risqués à critiquer ouvertement, en public, son successeur et à s’afficher comme un redoutable chef de parti.

A t’il conscience des dégâts qu’il occasionne ? Des mauvais génies qu’il encourage ? De la division des Français qu’il favorise ?

Pour moi tout devient clair ! L’Ex-Président, malin comme un singe, alors qu’il nous assurait le contraire, n’a, en réalité, toujours pas digéré sa défaite et s’est hélas l’instinct de revanche qui l’anime, bien plus que le bien public. Pourquoi aurait-il changé et au nom de quoi ? D’ailleurs, il suffit de l’écouter quelques minutes pour voir son « naturel » revenir au galop !

La célèbre expression de Mme de Pompadour « Après moi le déluge » serait-elle devenue sa maxime favorite pour qu’il tienne tant à reprendre les rênes du pouvoir dans le but inavoué de casser le « joujou » qui l’obsède ?

Ne vous en faites pas pour cela Monsieur le Président votre successeur, aussi roué que vous aux turpitudes de la politique, a, avec le génie qui l’inspire, continué votre œuvre de démolisseur et de super menteur…

Mais réjouissez-vous, la République toujours reconnaissante pour l’action de ses Grands hommes placera vos postérités à la hauteur de l’immense popularité que vous aurez, tous deux, gardée dans le cœur des Français…

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