En écoutant les vœux du Président de la République aux Français, je me suis dit au premier abord, tiens, il a le bon ton. Puis, son phrasé clair, ses mots bien pesés, ses gestes, sa posture et son regard contribuèrent à conforter rapidement mon opinion. E. Macron conscient des enjeux, sûr de lui, était brillant. Pertinent sur les sujets de fond, chaleureux et bienveillant dans la qualité de ses propos, volontaire et plein d’allant, il s’avéra à la hauteur de sa fonction. Enfin, le Président revenait de la torpeur vécue lors de sa précédente allocution télévisée, où blanc comme un linge, il accouchait avec douleur d’un mea-culpa que ses trois prédécesseurs auraient eu grand mérite de faire à sa place. Aussi, c’est son courage, sa prestance et son désir de convaincre qui me redonnèrent confiance quand à ses capacités à assumer ses responsabilités.
Avec sincérité et détermination, il assurait défendre avec plus de ténacité les plus vulnérables, de travailler à rendre notre système social plus juste et plus solidaire en gommant les inégalités. En bref, réduire la fracture sociale qui insupporte certains Français au point de les rendre si vindicatifs envers l’exécutif et lui même. Son regard franc semblait sonder chacun des Français afin qu’ils comprennent qu’il leur parlait avec franchise et loyauté. À la fin du discours présidentiel, j’ai applaudi car j’étais fier qu’il ait tenu son rang ! Fier de son enthousiasme débordant ! Fier qu’il sache rebondir et incarne la Nation. Fier qu’il rallume dans l’esprit des Français un sentiment d’espérance et d’unité qui les rendra plus confiants et plus forts dans leur quotidien mais aussi pour qu’ils adhérent au vaste programme de réformes structurelles qui doit être engagé pour la sauvegarde de l’Intérêt Général.
Comme il fallait s’y attendre les réactions à chaud ne se firent point attendre et, aussitôt, chaque intervenant présent sur les plateaux de télévision s’ingénia à démonter le discours présidentiel en le dévoyant de sa substance tout en proclamant des jugements insidieux qui le qualifiaient encore une fois de condescendant, d’hautain, de méprisant, d’irrespectueux envers les « pauvres gens ». Que son naturel revenant au galop, il s’était démasqué et que, rusé comme un singe, il ne pensait qu’à berner les Français pour mieux les saigner aux profits, je vous le donne en mille, des riches.
L’expression verbale que j’utilise ici pour exprimer mon ressenti n’est pas au mot près celle de ces opposants politiques mais elle décode parfaitement le sens de leurs mots cachés.
En écoutant éberlué leurs commentaires, je me suis dis que nous n’avions pas regardé la même allocution. Que ces Messieurs/dames étaient, par calcul ou démagogie, sourds aux propos du Président que, moi-même, j’avais pourtant trouvé brillantissimes. Parlions-nous la même langue pour avoir à ce point une interprétation aussi différente des propos tenus ? Ou était-ce tout bonnement le fruit malsain de leur mauvaise foi évidente qui avait pour but de semer dans l’esprit de leur électorat une totale confusion. Furieux d’entendre autant d’inepties à la minute et de subir la misère intellectuelle de ces débats, j’ai illico éteint mon téléviseur.
Il me semble pourtant que pendant les deux quinquennats précédents il avait sérieusement été reproché aux Présidents de l’époque d’avoir désacralisé, voire ridiculisée, la fonction présidentielle au point que l’opinion populaire doutait de sa légitimité, de son prestige et du respect qui lui est dû.
En revenant aux principes régaliens du régime Présidentiel définit par la constitution E. Macron redonne à sa fonction la hauteur de vue, la dignité et l’esprit de concorde qui lui incombe. Ainsi, le Président préside et le gouvernement administre les affaires de l’État ce qui, jusqu’a présent, nous a mis à l’abri des cacophonies, bévues et autres aléas pittoresques ou pathétiques dont les précédentes législatures nous avaient si souvent accoutumés faisant ainsi le régal de l’audiovisuel, de la presse et des comiques troupiers.
Les Français devraient être fiers d’avoir un Président jeune, dynamique, travailleur, intelligent, persévérant, ardent défenseur des droits de l’homme et de l’esprit Républicain. Car cet homme, au parcours exemplaire, doit tout à la République ! Issue de la classe moyenne, il est un pur produit de l’école de la République qui permet au plus méritants de s’élever au sommet de la gloire.
Pardonnez-moi ce « lyrisme républicain » mais il est ici de mise et fait en sorte d’honorer ceux qui depuis l’avènement de la IIIème République ont œuvré avec passion aux fondements de l’esprit Républicain et à l’instauration d’une véritable démocratie. Ce ne sont pas des charlatans, des illuminés, des démagogues, des affairistes, des despotes qui ont fait la République mais des hommes droits, vertueux, donnant toujours le meilleur d’eux-mêmes à leur patrie. C’est un idéal de liberté, de justice et du sens commun qui les animait et ces vertus morales à la fois strictes et bienveillantes cristallisaient avec force de conviction les sentiments éthiques de la nation.
En ce temps là, on admirait la réussite ! On saluait avec respect celui qui, grâce à ses mérites et ses qualités humaines, s’était élevé dans l’échelle sociale. Il était le modèle à suivre … Gagner de l’argent, posséder une belle maison, vivre dans le confort étaient la juste rétribution d’une société qui engendrait, par le labeur et le patriotisme, une élite Républicaine et cette émulation formative, porteuse d’espoir et d’avenir, a été pendant des générations le fer de lance de la nation. Les plus intelligents, les plus talentueux, les plus passionnés mais aussi les chanceux créaient ainsi la dynamique industrieuse qui a fait que la France, par ces idées fondatrices, a établi une société moderne où l’individu par son génie personnel pouvait s’épanouir et contribuer à construire l’édifice commun.
Certes, rien n’a été facile pour édifier un tel idéal. Les coups-bas et les chutes furent nombreuses. Certains endoctrinés notoires ont essayé, à maintes reprises, d’imposer une société collectiviste orchestrée par un régime totalitaire où l’individu n’avait de droits qu’a travers l’expression de son groupe. Le temps de la reconstruction venu l’après guerre a vite balayé ces idées révolutionnaires, le peuple, après tant de misères, aspirait à la paix et à la fraternité.
Pensé par le Conseil National de la Résistance qui à cette époque réunissait autour de l’Intérêt Général toutes les forces politiques majeures sont nées les plus grandes avancées sociales et structurelles dont nous sommes tous les heureux bénéficiaires aujourd’hui. (La sécurité Sociale, la nationalisation de la banque de France, la loi sur les prestations familiales et assurances vieillesse, la rénovation du statut de la fonction publique, la suppression de l’abattement de 10% sur les salaires des femmes, la création de l’ENA, etc… http://felina.pagesperso-orange.fr/social/programme_cnr.htm)
Sans doute le combat et la souffrance mais aussi le courage de ses hommes et de ces femmes pendant l’occupation nazie les ont convaincus de la nécessité absolue de dépasser leurs divergences. Sans doute aussi qu’en étant frère d’armes, ils ont appris le partage, la tolérance, la compréhension de toutes choses et, du plus humble jusqu'à l’érudit, tous les stéréotypes sociaux sont tombées et le miracle s’est opéré. Dépasser le clivage social, économique et culturel tout en sachant où chacun avait sa place pour se rendre utile à la nation voilà ce qu’a été le véritable exploit du CNR afin d’envisager un monde meilleur ; j’imagine avec joie leur « cantique philosophique »: Les Devoirs rendus à la nation visant l’Intérêt Général détermineront les droits du citoyen et non le contraire !
Je crois aujourd’hui qu’un grand nombre de nos compatriotes ont dévoyé à leur seul profit le sens de cette phrase pourtant pleine de bon sens et de laquelle résulte si finement l’ADN d’un civisme citoyen conforme aux valeurs Républicaines ainsi construites.
Je m’explique : Beaucoup estiment qu’ils n’ont que des droits et aucun devoir. Pour preuve, il suffit d’écouter le JT, les contestataires de la rue ou les revendications syndicales qui réclament du gouvernement toujours plus comme si celui-ci était responsable de tout et pouvait pourvoir à tout. L’État providence est ainsi sollicité, à corps et à cris, par des gens qui n’ont même plus conscience qu’ils vivent dans le pays qui offre les meilleures prestations sociales de la planète ainsi que le meilleur niveau de vie. Les Français sont-ils des ingrats ? Sont-ils un peuple de nantis capricieux et individualistes quand il faut se serrer les coudes pour surmonter une crise mondiale sans précédent. En Espagne, au Portugal, pays voisins, les retraités ont été durement ponctionnés pour contribuer au redressement des comptes publics. Tous les corps d’État, les forces vives, ont œuvré pour que les gouvernements entament et réussissent leurs réformes. Aujourd’hui ces pays ont, non seulement, remboursé leurs dettes mais vivent une embellie économique spectaculaire. L’Espagne vient d’augmenter le Smic de 22% et le Portugal observe le plein emploi.
En France, durant le quinquennat précédent, les réformes structurelles qui s’imposaient ont toutes été repoussées, voire éludées. Pendant ces années où les comptes publics auraient pu être maitrisés puis assaini le maitre du « Château » a préféré faire l’autruche, sans doute craignait-il l’émergence d’une crise sociale semblable à celle d’aujourd’hui qu’il aurait eu le plus grand mal à affronter. Le mille feuilles s’est donc encore alourdi et voilà aujourd’hui où nous en sommes…
En bref, depuis le 8 novembre dernier et jusqu’à la fin du mois de décembre 2018, la France a vécu à crédit. C’est à dire qu’elle emprunte sur les marchés des sommes colossales pour financer ses dépenses publiques. Alors que les administrations centrales de l’UE ont profité des sept dernières années pour résorber leurs déficits, celui de la France continue à se dégrader. Sans vouloir être discriminatoire vis à vis d’un pays de l’union, nous faisons plus mal que la Roumanie, c’est peu dire…
Ne vous méprenez pas sur mes propos ! Je ne suis pas entrain de dire que nous, Français, avons beaucoup de chance et qu’au regard des affaires de ce bas monde nous serions tous mal aisés à nous plaindre.
Les premières revendications des « Gilets Jaunes » étaient justifiées et l’exécutif a dû se rendre à l’évidence qu’il est impossible de vivre décemment avec un SMIC en subissant toutes les charges que les collectivités locales ou l’État nous imposent. Une fraction du peuple la plus vulnérable a fait part de sa colère légitime et elle a été entendue par le Chef de l’État qui, hélas, un peu tard, a accédé aux requêtes les plus pressantes de la Rue.
Désormais, sa parole et son honneur sont en jeux sur l’application des promesses faites et l’histoire jugera de sa probité à respecter ses engagements à la nation.
Dans les semaines qui viennent aura lieu l’ouverture d’un débat national qui va, je l’espère, recueillir toutes les doléances des Français et duquel devrait ressortir une synthèse travaillée en assemblée qui orientera sensiblement pour l’avenir les choix politiques de notre pays.
Ci-dessus, je faisais référence à la sagesse du CNR qui, en des temps troublés, a su réunir dans un débat public toutes les sensibilités politiques en vu de réinventer un système social équitable, généreux et humaniste accessible à tous.
La question cruciale que nous devons nous poser est donc de savoir si, à ce jour, parmi l’élite républicaine, nous avons des hommes et des femmes capables de relever un tel défi.
Permettez-moi d’en douter. À en juger par les propos fallacieux, calamiteux et partisans des dirigeants actuels des partis politiques, nous n’avons aucune chance de les voir s’unir pour porter l’idée d’un nouveau contrat social d’envergure et ainsi de réitérer pour les générations futures l’exploit du CNR.
Où trouver alors ces femmes et ces hommes capables de rénover l’espace politique et d’écrire une projection de la France de demain ? ; Celle que nous serons fière de léguer à nos enfants ? Comment aborder en toute sérénité les réformes sociétales qui divisent si grandement les Français au point qu’une violence haineuse se manifeste dans les rues ? Comment éviter que des factieux de tous bords s’immiscent dans ces débats pour mieux les saborder ? Ne nous y trompons pas, ces groupuscules pilotés par les forces obscures des extrêmes, veulent déstabiliser, puis anéantir, la République. En Europe, le populisme et les extrêmes gagnent du terrain et, sans vergogne, profitent de la grogne sociale pour accomplir leurs funestes desseins. Il est curieux d’entendre d’un mouvement qui se veut apolitique déclarer qu’il est pour le rétablissement de la peine de mort, l’abrogation du mariage pour tous, ou encore, commente et dénonce, par des relents xénophobes, le pacte de Marrakech ?
Pour moi, cela dépasse le caractère strictement contestataire des Gilets jaunes qui veulent avant tout obtenir un pouvoir d’achat plus conséquent qui leur permettra de vivre décemment. Certes, des Gilets jaunes débordent désormais de leurs revendications primaires mais la majorité d’entre eux sait raisonnablement qu’ils ont pour l’instant obtenu le maximum. Je comprends que la pression se maintienne mais il est grand temps de mettre fin à tout ce désordre qui met à mal l’économie et fait le jeu de redoutables factieux.
A la manière de Mr Mélenchon qui hurlait lors de sa perquisition « la République s’est Moi ! », j’ai entendu plusieurs manifestants scander « le peuple c’est Nous » ce qui, a leurs yeux, les investit de tous les droits. En effet, le peuple c’est bien « eux » mais c’est aussi, n’en déplaise au plus belliqueux, le privilège de tous les Français. Je suis, vous êtes, le Peuple et notre liberté s’arrête là où commence celle d’autrui. En clair, aucun d’entre nous n’a le droit de contraindre l’autre à ses vues et à ses idées sinon cela devient une injustice incompatible avec l’idéal républicain qui est le berceau national du vivre ensemble et des valeurs universelles et philosophiques du texte fondateur de notre Constitution.
Qui reste t-il alors dans les manif ? Les revanchards de la France Insoumise qui ne digère toujours pas le résultat du suffrage universel des élections présidentielles de mai 2017 ? Les laissés pour compte de la société qui, aux frais du contribuable, ont le temps de jouer aux sans-culottes en refaisant le monde au gré de l’idiosyncrasie de chacun ? Les séditieux qui espèrent instaurer un climat insurrectionnel et faire basculer la République dans le chaos pour instaurer leur monde nouveau où les individus auront à coup sûr le profil caucasien où une société de clones dotés d’un cerveau formaté au service du dictateur bannira de son cercle consanguin toutes différences ?
Les heures sombres de l’ère nazie nous ont montré à quel point l’homme est capable des pires atrocités, des pires méfaits et des pires abjections. L’homme de bien a fini par gagner, à rétablir une concorde européenne qui a réconcilié les ennemis héréditaires pour imposer à tous ces peuples la paix, et les bases d’un modèle Européen qui est - n’en déplaise aux nationalistes de tous poils - notre seule planche de salut face à l’hégémonie des supers puissances actuelles, ou en devenir.
Pour finir, il est dommage que les Français soient à ce point ignorants de l’histoire de leur pays. Cette connaissance leur permettrait de mieux appréhender et comprendre la complexité historique de nos actes qui définissent, si pernicieusement, notre présent et notre futur.
G.Méric.Cadourel